Parler n’est pas lire… Cette affirmation ressemble bien à une lapalissade et pourtant, nous avons tous pu constater qu’un orateur qui déroule son propos le nez dans son texte a bien peu de chance de nous captiver. Ce qui ne nous empêche pas, quand on est soi-même en position de prise de parole, de faire la même chose c’est-à-dire de s’accrocher à un texte, qu’il soit sur feuille ou sur slide.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on ne sait pas faire autrement. Ni la culture ambiante, ni les parcours d’éducation ne nous ont appris à nous détacher de l’écrit.
Quand j’accompagne mes « champions » en tant que coach en prise de parole, je leur propose, en guise d’exercice, une technique de préparation de leurs interventions sans prise de note. Beaucoup sont très anxieux à cette perspective et me disent qu’ils pensent ne jamais y arriver. Face à quoi je fais valoir que, quand ils entreprennent de raconter leurs dernières vacances, ils ne font pas un plan en trois parties et trois sous-parties et pourtant ils y arrivent très bien…. Au détour des exercices, ils se rendent comptent que, effectivement, en utilisant une technique différente de celle qu’ils utilisent habituellement – sans en passer par l’écrit – ils parviennent à prendre la parole et à « tenir » quelques minutes. Mais il leur faut, pour cela, faire autrement : « il n’y a pas de changement sans changement » comme aimait à le souligner un de mes collègues, coach en management…
Dans la Méthode du Losange, que j’ai créée pour aider à la prise de parole, je donne des outils pour travailler l’oral… à l’oral ! Cependant, en certaines situations d’interventions très formelles – des vœux, une circonstance solennelle ou grave – je conviens que le support écrit soit utile voire nécessaire. La question qui se pose alors est : comment écrire pour lire « bien », c’est-à-dire de manière impactante, accrocheuse, suscitant l’attention de l’auditoire ?
Si parler n’est pas lire, écouter n’est pas lire non plus….
Dans le processus d’écoute il y a les mots mais aussi tout ce qu’on nomme le paraverbal : le débit de l’orateur, ses intonations, ses inflexions, les pauses, la prononciation, la respiration. Tout un corpus d’éléments porteurs de sens puisqu’on considère – loi de Mehrabian – que le paraverbal compte pour 38% d’impact d’un propos. Auquel il convient de rajouter les 55% d’impact du visuel – c’est-à-dire tout ce que l’auditoire perçoit avec ses yeux par la posture de l’orateur, sa gestuelle, son regard, ses mimiques, son dress-code… Formellement, si on additionne ces deux chiffres, on trouve 93% d’impact pour le non verbal et seulement 7% pour le verbal, le contenu.
Mais attention de ne pas mécomprendre ces chiffres. Ce qu’on observe facilement, avec un œil un peu averti, c’est que c’est bien le contenu qui guide le corporel. Autrement dit, plus le propos est assuré, plus le corps porte naturellement cette assurance aussi bien par la posture, la gestuelle, le regard que par la fermeté de la voix. C’est cette assurance naturelle qui va accrocher l’œil et l’oreille de l’auditoire, qui va l’inciter à être attentif.
Comment assurer le propos… là est toute la question. Et pour y répondre, je propose de considérer qu’écrire pour dire ensuite à voix haute est une écriture différente de celle de l’écrit pour être lu.
Ecrire pour dire à voix haute
Je viens du journalisme radio et dans ce métier-là, on apprend à écrire pour dire à voix haute. Les clés sont simples, voici les principales : des phrases courtes, en mode sujet/verbe/ complément ; des verbes conjugués – pas d’infinitif ni de participe présent – ; l’utilisation de la voix active – « nous organisons le travail de chacun » plutôt que « le travail de chacun est organisé » – ; une seule idée par phrase. Sur le papier, rien de compliqué. Dans la pratique, il faut un temps d’adaptation pour se saisir de cette technique et en faire un réflexe, comme c’est le cas pour tout apprentissage.
Ce qu’observent ceux qui se lancent dans cette « aventure » c’est que plus le propos est court, clair et concret – en utilisant donc les clés ci-dessus – plus il est facile à énoncer ; mieux la voix « sort ». De ce fait, plus l’orateur est assuré : assuré de se faire comprendre, assuré de dire aisément, assuré de se sentir engagé – convaincant – dans son expression.
Ce que nous faisons aussi, nous autres, les journalistes de radio ou de télévision, c’est que nous écrivons à voix haute : nous faisons résonner nos phrases, nous les prenons en bouche, nous faisons franchir les mots par nos lèvres – notamment les noms de famille ou de lieux nouveaux et difficiles à prononcer – pour que, le moment venu, notre énoncé soit fluide et assuré.
Vous aussi, vous pouvez gagner en clarté, en impact et en assurance en utilisant ces techniques. Je peux aussi vous accompagner à vous en saisir et, pour cela, vous pouvez me contacter ici.
Et si mon parcours de journaliste vous intéresse, vous pouvez lire l’article que j’ai écrit pour RFI Infiniment, un site qui raconte les 50 ans de Radio France Internationale, une aventure à laquelle j’ai la fierté d’avoir participé…
À bientôt pour la suite,
Sophie