Prise de parole : quelle émotion !?

Oui… quelle émotion la prise de parole, avec à la fois un point d’exclamation ! et un point d’interrogation ?

Car oui, d’une part, l’exercice de prise de parole suscite souvent beaucoup d’émotion chez celui ou celle qui est amené.e à s’exprimer face aux autres – point d’exclamation !

D’autre part, quel niveau d’émotion faut-il engager dans une prise de parole – point d’interrogation ? Question qui m’est souvent posée tant circule l’idée selon laquelle il faudrait, pour capter l’attention du public, délivrer son propos avec une part d’émotion.

En tant que coach en prise de parole, il est important pour moi de clarifier les choses sur ce sujet de l’émotion en prise de parole.

En premier lieu, je propose de considérer que la prise de parole est, comme tout exercice de communication, un levier d’action. En effet, une prise de parole réussie permet de faire avancer un dossier, d’obtenir un feu vert, de débloquer des fonds, de faire évoluer une organisation… Bref, autant de choses très concrètes et tout à fait indispensables dans le milieu professionnel.

C’est une situation très différente de ce qui est attendu d’un spectacle – cinéma, théâtre, concert, lectures, etc. – qui est de susciter des émotions chez le public. Le résultat escompté est donc tout autre et les modalités narratives également différentes. Evidemment !

Vous me voyez venir : ma proposition est de considérer que l’émotion en tant que telle n’a pas sa place dans une réunion de service ou dans un comité de direction. En revanche, ce qui est légitimement attendu, c’est l’expression de la considération de l’orateur pour son public, son humanité. C’est ce qu’on appelle l’assertivité – « dire sans nuire » – sur laquelle j’ai écrit récemment un article.

            L’émotion en prise de parole : de quoi parle-t-on ?

Reprenons depuis le début et faisons, dans un premier temps, la part des choses entre les différents types d’émotion. Commençons par celle du point d’exclamation, celle de l’orateur. Plus j’avance dans mon métier plus j’entends mes champions me confier leurs forts niveaux de stress en certaines situations. Je parle d’un stress négatif, celui qui, à la veille d’une prise de parole à fort enjeu, empêche de dormir, fait mal au ventre, à la tête, et qui, parfois, oblige à prendre des médicaments ou des dopants – drogue, alcool. Cette émotion-là serait mal venue d’être partagée. Le public n’en a rien à faire que l’orateur ait mal dormi la veille de sa présentation à cause de son stress. C’est même un élément qui peut grandement desservir l’intervenant et entamer son image.

Ma réponse, pour gérer ce stress, est de se saisir de techniques de prise de parole. En effet, le manque de technique rend incertain, et l’incertitude est la source première du stress. Pour pallier ce manque, j’ai rassemblé des outils dans une méthode que j’ai créée, la Méthode du Losange.  Cette méthode permet, à l’usage, de trouver ses appuis dans le récit et de faire ainsi progressivement baisser le niveau de stress – d’émotion.

            Le storytelling pour témoigner de sa considération pour le public

Passons au sujet de l’émotion avec « point d’interrogation » autrement dit celle adressée au public. J’ai déjà écrit ici qu’il s’agit, selon moi, de permettre à l’orateur de témoigner de sa considération pour son public. Imaginons une situation de prise de parole dans laquelle l’orateur se trouve face à un public qui est victime de ses agissements : par exemple, le dirigeant d’une entreprise du bâtiment qui effectue des travaux dans une rue, lesquels impactent les riverains. Ma recommandation de témoigner de sa considération pour ses interlocuteurs doit consister, par exemple, à expliquer à son auditoire « comment nous prenons en compte les nuisances », « comment nous avons mis en place un système de relevés sonores », « comment nous calons les manœuvres les plus bruyantes en dehors des heures de sieste et ni trop tôt le matin », etc. Bref, des propos très concrets qui permettent à l’auditoire de voir que le problème est pris en compte et géré.

C’est autrement plus efficace, que des « nous sommes désolés » et autres « on est triste pour vous » qui n’apportent rien à l’auditoire sinon la colère d’avoir justement le sentiment de ne pas être considéré dans ses besoins.

Plus la situation le nécessite, plus l’orateur devra insister sur des éléments très concrets, très factuels, au plus près de la réalité de ceux qui l’écoutent. En langage de communicant c’est ce qu’on appelle le storytelling qui consiste à nourrir le récit avec des éléments très concrets : des illustrations. Il ne s’agit pas de « raconter des histoires » – traduction mot à mot du terme anglais – mais d’amener des illustrations dans le récit.

Cette technique narrative est utilisée notamment en communication de crise, situations dans lesquelles le public subit des dommages ou bien se projette sur les dommages subis par d’autres. Ce public attend alors de l’orateur qu’il donne des preuves de son implication dans la gestion de la situation et dans la mise en place des solutions. L’expression de l’émotion de l’orateur – « je suis désolé », « je suis triste », « je suis inquiet » – n’est bienvenue qu’à l’instant T de la survenue de la crise. Mais très vite, dès T+1, le public attend des actions, des faits…

Si vous souhaitez partager vos commentaires et expériences vécues sur cette vaste question de l’émotion dans les prises de parole, vous pouvez me joindre ici. Je vous lirai avec plaisir.

A bientôt pour la suite,

Sophie

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Le cabinet Sophie Backer Conseil accompagne dirigeants, managers et élus sur leurs prises de parole en public, en visioconférence ou face aux médias : la construction du message, la posture, la voix.
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